23 Septembre 2012
Tout le monde à déjà vu ces nouveaux coffrets électriques verts aux bords de nos routes. De couleurs vert bouteille ; ils présentent une texture granuleuse qui a fait le bonheur des colleurs d’affiches lors des dernières campagnes électorales !
La construction de l’un d’eux a suscité la discorde dans un petit hameau à proximité de Lalbenque. Afin de pouvoir ériger ce type de monument, un accord doit être demandé aux propriétaires des terrains concernés moyennant quoi, ils se voient attribué une petite somme d’argent (environ 300 euro pour un coffret de ce type). L’adjoint de la commune, délégué à la voirie, sort donc sa belle plume et met tout son cœur dans la rédaction de cette demande. Il est d’autant plus concerné que l’endroit choisi se situe à proximité des ses propres terrains ; constructibles bien sûr ! Dans un grand souci de partage, valeurs qui lui sont chères, il propose de construire une partie de l’ouvrage chez son voisin. Ce dernier, agriculteur du village, ne souhaite pas recevoir le petit cadeau que lui fait la commune et le fait savoir de façon officielle. Notre adjoint communiste n’à que faire de l’avis de ce paysan et estime qu’il est normal de partager les biens… surtout quand se sont ceux des autres !
Le temps passe et les travaux débutent enfin à l’endroit où le roi lui même l’avait décidé. Se disant qu’un travail commencé est à moitié terminé, il est persuadé que lorsque la construction aura commencé, notre cultivateur acceptera par force le partage. Le terrassier du village, qui est aussi conseiller municipal, commence donc les fondations et petit à petit, l’ouvrage prend tournure.
De retour des travaux des champs, notre agriculteur jette un œil tout à fait par hasard sur la zone des travaux où tout semble en règle. Ayant une vue imprenable sur son tracteur, il lui semble que le bâtit déborde un peu sur son champ. Ce n’est pas possible car il n’a pas donnée son autorisation. Mais connaissant bien le coco (c’est son ancien voisin !), il prend le temps de s’approcher et peut constater que l’édifice déborde bien sur sa parcelle d’un bon tiers. Nous parlions de coco tout à l’heure, mais à ce moment là, c’est bien lui qui voit rouge ! Il remonte sur son engin agricole et rentre chez lui en quatrième vitesse dans une colère contenue mais bien présente. Ah ce coquin, il va voir de quel bois je me chauffe (ah, non, çà, c’est une autre histoire…). Arrivé chez lui, il retrouve le double du document mentionnant le fait qu’il refusait ce coffret sur ces terres et téléphone sur le champ à la société coordonnant les travaux. L’interlocuteur à l’autre bout du fil prend acte de ce constat et assure qu’une suite va être donnée rapidement. « Fulgurant » aurait été plus approprié à la situation. Dans les deux heures qui ont suivi la conversation téléphonique, voila le terrassier en personne qui déboule dans la cour de notre agriculteur. Si des fois la communication se fait mal, là il n y a pas eu d’encombrement sur les lignes ! Notre pauvre entrepreneur se mit à supplier notre agriculteur de revenir sur sa décision et d’accepter d’avoir un bout de coffret chez lui sinon il devra tout recommencer à zéro. Que nenni, pas de négociation possible.
L’entrepreneur repart tout penaud, bien obligé de s’exécuter à recommencer la construction.
C’est une fronde délicieuse que le serf porte contre ce roi en bois qui se croyait dans je ne sais quel pays de l’Est. Pour des intérêts personnels ; c’est encore de l’argent public qui s’envole. Inutile de préciser que si tout s’était passé comme prévu, la subvention aurait finit dans la poche de notre adjoint, se gardant bien ou oubliant de la partager !
Même s’ils le croient, nos élus ne peuvent pas tout se permettre. Heureusement que ce n’est qu’une minorité d’entre eux qui ont tendance à se placer au dessus des règles qu’ils cherchent à faire appliquer.
Et quand à nous, administrés, citoyens, nous avons surtout le droit de ne pas dire « oui-oui », même quand nous sommes au pied du coffret !